Le mook yan jong est un symbole fort du Wing Chun. Le Wing Chun n’est pas le seul style de Kung Fu à faire usage d’un mannequin de bois. Le Choy Lay Fut en a un différent (et je crois même qu’il y en a plus qu’un dans ce style). Toutefois, l’homme de bois reste fortement associé au Wing Chun. Le Vinh Xuan (la version vietnamienne du Wing Chun) fait aussi usage de cet outil. Le Moc Nham présente toutefois des différences marquantes. Dans certaines écoles, il est beaucoup plus gros. La forme sur le Moc Nham est aussi différente à celle du Mook Yan Jong. Il faut dire que le Vinh Xuan est très différent du Wing Chun. Pourtant, en jetant un regard approfondi sur la forme du Moc Nham, on retrouve la source de celui-ci soit le Wing Chun.

Un Moc Nham du Vinh Xuan :

source : https://i.ytimg.com/vi/eofDWvhtHsQ/maxresdefault.jpg

Le Vinh Xuan plutôt invisible en Amérique du Nord. À Montréal, il a été importé par l’école Shaolin Wing Chun Nam Anh. Les autres écoles de Vinh Xuan sont des produits de cette école. Dans la documentation martiale francophone et anglophone, il y a très peu de livres qui en parlent. Depuis 2013, il semble s’opérer un changement. Ce changement s’opère de la Russie et l’Europe de l’Est. Igor Dudukchan et Semyon Neskorodev ont publié des livres sur le Vinh Xuan. Neskorodev a publié un livre sur le Moc Nham. Ce livre est intéressant puisqu’il explique assez bien les techniques utilisées. J’ai profité de mes vacances lors de l’été 2015 pour pratiquer cette forme. Précisions, je n’ai pas la prétention de maîtriser cette forme, loin de là. Je ne crois pas qu’on peut apprendre d’un livre. Touefois,la pratiquer un peu a remis en question certaines perceptions que j’avais du Wing Chun.

C’est principalement la « forme 108 » qu’on pratique en Vinh Xuan sur le mannequin. Je sais que cette forme peut aussi être pratiquée à deux. Igor Dudukchan a publié un livre sur le sujet.

Dans son livre, Neskorodev parle de la différence de taille des deux types mannequin. Selon lui, il est très difficile de déterminer quand cette différence est apparue. C’est probablement, toujours selon lui, Nguyen Te Cong ( Yuen Chai-Wan) qui aurait importé le mannequin de bois au Vietnam. Comme Yip Man a enseigné le Wing Chun à Hong Kong, il n’est pas impossible que le contexte géographique soit une explication. Bonne chance si vous voulez avoir un mannequin vietnamien dans votre appartement au 3e étage. Si je ne me trompe pas Ben Judkins aborde brièvement la question du mannequin de bois de Yip Man dans son livre. C’est à la demande de Yip Man qu’on aurait produit un mannequin sur support. Ceci en permettait l’usage dans un appartement. Neskorodev mentionne que selon la tradition vietnamienne, le mannequin doit faire 3 à 4 fois le poids du pratiquant. Donc, à 170 livres, si j’avais un mannequin vietnamien, il devrait peser 500 livres environ. Ne soyons donc pas surpris s’ils sont très rares dans les foyers des pratiquants!

Yip Man sur son Mook Yan Jong

source : http://images.tienphong.vn/uploaded/thien/2015_08_20/d1_ymie.jpg?width=500

Maintenant, regardons la technique pratiquée sur les mannequins. Ce que je retiens, c’est qu’en Vinh Xuan, on insiste beaucoup plus sur les rotations et les petits déplacements. Dans la branche de Yip Man, on se concentre beaucoup sur les déplacements. J’ai remarqué aussi dans le Vinh Xuan des techniques de clefs de bras et de coup de genou. C’est intéressant de voir qu’il y a une interprétation différente des mêmes mouvements. Malheureusement, comme je n’ai pas suivi de cours de Vinh Xuan, il reste difficile pour moi d’expliquer avec précisions la différence entre les deux styles. J’aimerais tenter d’entrer en contact avec un pratiquant de Vinh Xuan pour pouvoir échanger et bien comprendre les nuances. Je vous propose toutefois le livre de Neskorodev. Il est très intéresant.

Source :

Igor Dudukchan. The 108 form.

Semyon Neskorodev. Vietnamese Wing Chun. The Wooden Dummy Techniques.

Ces deux livres sont disponibles en format Kindle sur Amazon.

Judkins, Benjamin N. Jon Neison. The creation of Wing Chun. A social history of the Southern Chinese Martial Arts.State of University Press. New York. 2015.